Notre histoire commence une froide nuit pluvieuse. La maison était en effervescence, les domestiques courraient partout, portant baquets d'eau chaude et serviettes propres ou sales, qui dans la chambre de la femme en travail, qui dans le vide-linge d’où il était porté a laver. Le bébé avait bien deux mois d'avance, et pourtant il était bel et bien en train de naître. Le médecin, pour sa part, affirmait l'enfant ne survivrait pas. Il était trop précoce...
La mère était une belle et grande femme, aux cheveux d'un noir profond dont hériterait sa fille et aux yeux verts comme les feuilles au printemps. A l'instant, son visage était crispé par la douleur et sa chemise lui collait a la peau a cause de la transpiration, mais elle était toujours aussi belle, du moins de l'avis de son mari qui l'aimait profondément. Ce dernier avait des cheveux bruns comme l'écorce des arbres et des yeux d'un joli bleu ciel dans lesquels il était facile de se perdre. Il tenait la main de sa femme, la caressant avec amour, des rides d'inquiétude barrant son front.
Mais le médecin se trompait. Lorsque l'enfant naquit, il était bien plus petit que n'importe quel nouveau-né mais il était bel et bien vivant. En revanche, la mère rendit l'âme quelques heures plus tard. Avant de mourir, elle nomma sa fille. Simuu. Puis ses yeux se fermèrent à jamais.
Le bébé fut confié à une nourrice. La famille, aisée, avait largement les moyens de se le permettre, d'autant que la pauvre femme était sans le sou et qu'elle accepta de s'occuper de la pauvre moitié d'orpheline en échange du logement, de la nourriture et d'un peu de monnaie pour ses menus frais une fois le mois.
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Comme a chaque fois il faisait nuit. Une nuit profonde, ou ne brillait aucune lune ni aucune étoile. La seul lumière présente était celle émanant des yeux, en face d'elle. Une paire d'yeux brillants, rouge comme du sang et tout aussi luisants. Des yeux qui reflétaient un curieux mélange d’intérêt curieux et de faim... Un regard qui lui faisait toujours froid dans le dos.
Mais comme a chaque fois, elle restait debout devant cette pair d'yeux fascinant. Ici, les douleurs de son corps disparaissaient, sa fatigue et sa faiblesse s'envolaient, elle n'était plus une jeune fille fragile au possible... Elle n'était pas dans l'attente de s'écrouler par terre, elle tenait droite sur ses jambes.
Alors, comme a chaque fois, les yeux approchaient d'elle, des mains se posaient sur ses épaules, et l'une d'elle remontait jusqu'à son menton pour le relever. Puis les yeux disparaissaient, cachés par des paupières, et malgré l'obscurité elle savait que son regard s'embrouillait alors qu'elle ressentait une vive douleur...Et le rêve, a chaque fois, se terminait de la sorte. Simuu s'éveillait seule dans son grand lit, le corps couvert de sueur et la respiration sifflante comme si elle venait de courir. Puis elle se relevait pour aller prendre une douche, pour pouvoir dormir dans de bonnes conditions par la suite...
Elle avait toujours du mal a atteindre la salle de bain toute seule, mais elle n'aimait pas qu'on l'aide. Son entourage passait sa vie a l'aider, si bien que parfois elle avait l'impression d'être au centre du monde, d'un monde qui se limitait aux grilles du jardin. Partout ou elle allait, quelqu'un l'accompagnait au cas ou elle fasse un malaise. Et chaque pas lui coûtait plus d'énergie qu'il n'en aurais fallu a une personne en bonne forme pour dévaler une rue a la course.
Cette santé, elle la haïssait tout simplement. Son corps aux capacités plus que limités l'avait contrainte a passer les seize années de sa vie a l'intérieur de sa demeure, sans possibilité de voir le monde extérieur. Et lorsque sa nourrice, qui était a présent son aide en raison de son état lamentable, avait la gentillesse de lui conter le monde, elle buvait ses paroles a la manière qu'aurait un chat affamé de dévorer une souris trop maigre, avec un mélange de satisfaction et de déception. Jusqu'à présent, sa vie avait été d'un ennui des plus mortel...
Ailleurs dans la maison... Le maître de la maisonnée était assis devant son bureau, une plume a la main, écrivant des lettres fictives a sa femme décédée seize années auparavant. Des lettres de supplication, de colère, d'amour... Chaque jour qu'il voyait sa fille grandir, le doute s'insinuait en lui. Ses yeux... Ils ne ressemblaient ni a ceux de sa mère, ni aux siens propres. D’où les tenait-elle ? Et la seule solution qui lui venait a l'esprit lui était insupportable, puisqu'elle remettait en cause tout ce qui l'avait soutenu depuis la mort de sa femme bien aimée : l'amour qu'elle avait eu pour lui.
«J'aimerais te poser la question, malheureusement je ne le peut plus... M'aimais-tu vraiment ? Ou n'étais-je pas suffisant a ton bonheur ? Ces yeux, si étrangers aux nôtres, me soufflent des pensées que je n'aime pas avoir... M'aurais-tu...»Le papier était froissé et dans une corbeille, mais son contenu était bien la. La question, il ne la formulait jamais en entier, mais elle était bien la : «M'aurais-tu trompé ?» Et plus il observait sa fille, si différente de lui, plus la réponse qui s'imposait a lui le pesait : «Oui.»
Ce soir la, il prit une décision... Puisque cette petite n'était pas sa fille, qu'elle était le fruit d'une épouse infidèle et que son existante lui rappelait par trop celle qu'il avait aimé, et dont il avait cru à l'amour... Il ne restait plus qu'une chose a faire... Et il allait s'y atteler.
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Il faisait noir dans la pièce. Cela faisait plusieurs jours que Simuu était allongée dans son lit, souffrante. Cela avait commencé avec une simple fièvre, si bien qu'elle avait cru s'être endormie. Puis elle s'était retrouvée en sueur, a ne plus pouvoir faire le moindre pas a cause de la fatigue, chaque mouvement l'épuisait... Elle avait tour à tour trop chaud ou trop froid, et 24h plus tard elle se mettait à trembler... Non, elle n'allait pas bien du tout. Les domestiques et son aide l'aidaient du mieux qu'ils le pouvaient, mais cela ne suffisait pas... Elle dépérissait. Mais plus lentement que prévu. Habituée a lutter contre les faiblesses, elle résistait a ce poison plus efficacement qu'un autre malgré son état physique lamentable. Tant mieux, se disait le père. Cela passerait comme des suites de sa maladie, personne ne soupçonnerait le meurtre... Si une vague pointe de remord pointait parfois, il se sentait déjà soulagé à la perspective de pouvoir enfin recommencer une nouvelle vie.
Il faisait si froid... La jeune fille, a peine seize ans, sentait le dénouement d'une vie d'ennui, vide de sens, arriver... Elle regardait le plafond, plongé dans la pénombre. La seule lumière provenait de la bougie a moitié fondue sur la table de chevet. Simuu aurait bien voulu l'éteindre, mais elle ne pouvait pas bouger. Elle se sentait trop faible... Alors un courant d'air s'en chargea a sa place. Prise d'une quinte de toux a cause d'un soudain frisson due au froid, elle laissa tomber sa tête sur le côté et se mit à tousser violemment, crachant un peu de sang. Ça ferait du travail en plus aux domestiques... Mais elles n'étaient plus à ça près. La quinte de toux passée, la jeune fille retourna la tête vers le plafond péniblement et recommença à le fixer. Elle n'arrivait pas a dormir, comme si quelque chose devait arriver...
Un bruissement de vêtement la fit sursauter. Le bruit venait de la fenêtre, mais elle n'avait pas le courage de pencher la tête... La fenêtre, entrouverte, grinça lorsqu'elle se rabattit vers l'intérieur. Le vent, ou... Des bruits de pas ? Ils résonnaient dans la pièce, venant de la fenêtre... Il y avait bel et bien quelqu'un dans la pièce... Quelqu'un qui approchait.
Bientôt un visage apparut dans son champ de vision. Un visage qu'elle n'avait jamais vu, mais qui lui semblait familier... Puis elle sut pourquoi ce visage lui disait quelque chose. C'était les yeux, rouges, exactement de la forme et de la couleur de ceux qui apparaissaient constamment dans ses rêves, exprimant les mêmes émotions... Simuu resta fascinée un instant devant cette vision qui, enfin, s'imposait à elle non pas de manière onirique mais bien réelle... Elle sentit des doigts glacés frôler sa joue, encore plus froids que sa propre peau...
«Tu es au bord de la mort...»L'homme se détourna alors et repartit par la d’où il venait, fermant la fenêtre derrière lui.
Cette pièce-ci était éclairée par des chandeliers aux murs et un autre sur la table. La salle du bureau du père, chef de maison, qui écrivait encore des lettres à sa défunte femme. Mais lui aussi n'était pas tranquille cette nuit-ci... On lui avait rapporté qu'un étranger rôdait autour de la maison, et il avait doublé la surveillance. Cela ne l'empêchait pas de jeter de fréquents coup d’œils à la fenêtre...
A un moment, il vit passer une ombre devant celle-ci. Se levant d'un bond, il se précipita au linteau et regarda en bas, a droite puis a gauche... Ce fit d'en haut que surgit le visage qui le fit faire un bond de bien deux mètres en arrière... Le visage était d'un blanc de neige, et s'ornait de deux yeux rouges comme du sang. L'être se faufila par la fenêtre et se présenta debout face au père qui ne savait pas quoi faire. Son premier réflexe fut de saisir sa dague a sa ceinture et de la pointer sur l'inconnu qui venait de s'introduire pour le moins cavalièrement dans son bureau. Mais l'inconnu restait de marbre et fixait le maître de maison d'un air neutre.
«Qui êtes-vous ? Vous n'avez rien a faire chez moi, allez-vous en !»«Votre fille se meurt... Et je sais parfaitement pourquoi.»Le père pâlit. Le regard sanglant de l'inconnu s'était fait incisif, et il avait effectivement l'air de savoir de quoi il parlait. Et s'il allait raconter partout qui avait tué sa fille ? Non, personne ne croirait un type aussi louche... Cela ne l'empêchait pas d'avoir des sueurs froides.
«...Que voulez-vous ?»«Votre fille. Laissez-la à mes soins, dites qu'elle est morte et vous ne la reverrez jamais.»Mais qui était cet homme, qui voulait s'encombrer d'une bouche à nourrir incapable de faire quoi que ce soit, malade chronique et faible au possible, fruit d'une union hors-mariage ? Un être que l'on pouvait qualifier de réelle boulet au pied de celui qui devait s'en occuper ? Le père se plongez dans une profonde réflexions, puis vrilla son regard bleu dans les yeux rouges de l’inconnu. Après tout, s'il voulait se traîner cette incapable pendant le peu de temps qu'il lui restait a vivre...
«J'accepte.»______
Cela ressemblait beaucoup a son rêve, mais ce n'en était pas un... Cette fois, elle était parfaitement éveillée. Elle le savait pertinemment, puisque son corps était dans le même état lamentable qu'à l'accoutumé... Après la scène insolite ayant eu lieu dans sa chambre, elle avait sombré dans une inconscience salvatrice. Lorsqu'elle s'était réveillée, elle n'était plus dans sa chambre. Elle le savait puisque le plafond, qu'elle avait longuement observé, n'était pas le même ici. Les odeurs aussi différaient de celles de chez elle, et malgré son état de faiblesse elle se sentait toute excitée a l'idée d'être enfin
ailleurs.
Elle n'était pas seule dans la pièce. Elle le savait parce-qu'elle entendait des bruissement de vêtement non loin et le bruit d'une respiration. Elle ne savait pas de qui il s'agissait, mais elle se doutait que c'était l'homme aux yeux rouges qui était venu dans sa chambre avant qu'elle ne perde connaissance. Prenant son courage à deux mains, elle ouvrit la bouche :
«Qui... êtes-vous..?»Il y eut un silence, puis des bruits de pas s'approchèrent d'elle et le visage attendu se montra dans son champ de vision. L'homme lui souriait, comme s'il cherchait a la mettre en confiance. Mais les doigts glacés qui, a nouveau, se promenaient sur sa joue, détruisaient l’effet de ce sourire.
«Je suis Dardall. Tu n'as pas besoin de mon nom complet pour l'instant... Dis moi... Veux-tu vivre ?»Simuu savait bien qu'elle était en train de mourir. Elle le sentait, a chaque fois que du sang quittait sa bouche lorsqu'elle toussait, a chaque fois qu'elle était prise d'une crise de tremblement. Elle commençait déjà a se faire a cette idée, et elle doutait que l'homme aux yeux sanglants puisse faire quoi que ce soit pour la sauver...
«Comme... tout le monde je pense... Mais je doute... que vous puissiez y faire... grand chose...»Sa voix était roque a force de non-utilisation, a cause de la maladie elle avait rarement le courage de parler... Cela pesait sur son souffle, d'autant que de tousser et de saigner ainsi lui avait irrité la gorge... Contre toute attente, l'homme lui sourit. Et ce sourire lui fit froid dans le dos. Deux longs crocs dépassaient de la bouche aux dents blanches de Dardall, et la jeune fille réussi enfin a coller un nom sur la race du personnage. Vampire. Vampire qui lui saisit le menton avec douceur pour le soulever, dévoilant la gorge de la malade. Une gorge de porcelaine, bien lisse malgré la maladie, et que la chemise de nuit noire qu'elle portait ne cachait pas le moins du monde.
«Tu te trompes...»Le vampire approcha son visage de la gorge de la jeune fille, dont l'état ne lui permettait pas la moindre résistance, et ferma les yeux. Les yeux disparurent comme dans son rêve, et le vampire ouvrit grand la bouche...
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Lorsqu'elle s'éveilla, Simuu se sentait étonnement bien. Pas de douleur, pas de sang au fond de la gorge, elle n'avait ni trop froid ni trop chaud... Elle se redressa, et pour la première fois de sa vie cela ne lui prit pas toute son énergie. Voulant s'en assurer, elle passa les jambes hors de son lit et posa les pieds sur la moquette du sol. Puis elle prit une grande inspiration et se leva. Elle tenait sur ses jambes, elle n'avait pas les genoux qui lâchaient... Laissant sa chemise de nuit cascader autour de ses jambes, elle fit un tour sur elle-même. Pas de vertige. Pour elle, qui avait été malade toute sa vie, cela était presque miraculeux. Elle ne put retenir un grand éclat de rire, un rire cristallin qu'elle n'avait pas l'habitude d'entendre, simplement parce-que sa voix avait toujours été déformée par une trop grande fatigue.
Profitant de cette vigueur inhabituelle, Simuu se mit a tourbillonner autour de la pièce. Mais bientôt la fatigue la rattrapa, et elle dut s'asseoir. La pièce tournait autour d'elle. Non, elle n'était pas guérie... Elle sentait son cœur battre encore trop vite pour une simple minute d'activité, même si c'était une activité passablement intense. Mais elle allait mieux que même avant la maladie qui avait failli l'emporter, et cela lui suffisait pour l'instant. Ah, comme ca faisait du bien de pouvoir se lever sans avoir besoin d'aide !
«Ca a l'air de te plaire...»Simuu sursauta. Le bruit provenait de la porte ouverte. Le vampire se tenait debout dans l'encadrement. Ses yeux brillaient plus que la dernière fois, et la jeune femme le regarda un long moment, le détaillant. Se souvenant alors de ce qu'il s'était passé avant qu'elle ne perde connaissance, elle porta la main a son cou, la ou elle avait sentie la morsure. Rien, si ce n'était que la peau était un peu plus lisse en deux endroits... Parcourue d'un frisson la jeune fille se rendit compte de ce qu'il s'était passé.
«Vous m'avez...»Le sourire du vampire s'élargit. Une lueur indéfinissable s'alluma dans ses yeux.
«Je vais t'expliquer si tu en a envie, alors soit attentive jeune fille...»Simuu se concentra. Ses yeux légèrement plissés par l'attention, elle écouta le vampire lui expliquer que son père avait voulu la tuer, pour quel motif, et comment il l'avait sauvée de la mort en la transformant en vampire. La jeune fille passa par l'étonnement, la consternation, une infinie tristesse pour son père, qu'elle aimait et qui pourtant avait essayé de la tuer à cause d'une mère qu'elle n'avait pas connue. Puis la désorientation face a ce qu'elle-même était a présent. Une vampire. IL allait lui falloir un moment pour s'y faire... Elle avait l'impression d'y voir floue, d'être oppressée. Trop de choses changeaient d'un coup... homme s'approcha alors d' elle et lui posa doucement la main sur l'épaule.
«Je t'ai sauvé la vie... Tu me dois bien une petite compensation...»Il la poussa doucement sur le lit, sa force de vampire bien plus importante que la sienne du fait de sa piètre condition physique en tant qu'humaine lui permettant de ne pas se formaliser des protestation de la jeune fille, malgré qu'elle y aille avec les poings. La maintenant ainsi sur le lit, il laissa son autre main se balader du côté de sa gorge.
«Désormais tu vivra ici. Tu n'es pas en condition de partir, que ce soit a cause de tes faiblesses ou a cause du fait que tu me doit obéissance. Je ne serais pas souvent la, mais lorsque ce sera le cas, tu seras à moi. Ton corps, ton sang... Tout.»Et la main descendit...
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Il faisait nuit. A la fenêtre, ouverte, le rideau ondulait a cause d'une brise légère. Simuu était allongée dans son lit, mais, comme une a deux fois l'an, elle n'y était pas seule. Dardall, dont elle ne savait toujours pas le nom complet, était allongé a côté du corps endormie de la vampire et le parcourait de la main. Qu'elle dorme ou pas, l'homme s'en fichait bien. Il prenait son plaisir quand il en avait envie, et elle n'avait pas son mot à dire. Mais son corps avait bau être ici, dans cette pièce, ce n'était pas le cas de son esprit... Actuellement, il était au bord d'un magnifique lac entouré de roches cristallines, des lucioles volant autour. Ces dernières projetaient sur le lieux plongé dans la pénombre une pâle lueur, renforcée par l'éclat d'une belle pleine lune. Ainsi éclairé, le lieux était tout à fait magnifique... Et totalement inconnu à la jeune femme.
Si a présent elle avait presque 120 ans, elle avait eu le temps de se rendre compte que malgré sa condition de vampire elle était encore trop malade pour entreprendre de longues sorties. Elle habitait a présent Noctine, ville ou l'avait conduite l'homme qui avait fait d'elle ce qu'elle était a présent, dans un manoir de pierre noire comme tous les autres... A son service, il avait engagée une femme qui était chargée d'aller faire les courses, de préparer la nourriture, de lui fournir du sang régulièrement... Femme qui était morte il y a peu, et qui était a présent remplacée par une toute jeune qui la regardait avec un air de jalousie. Une humaine, qui semblait envier son statut de vampire... Simuu ne voyait pas ce qu'il y avait a envier, peut-être parce-qu'elle ne jouissait pas de tout les avantages que possédaient les membres de cette race... A savoir, une force bien supérieur a celle des humains normaux, de leur résistance, sans parler de leurs pouvoirs... Les pouvoirs, elle les avaient, mais le reste avait commencé par prendre le pas sur sa faiblesse lorsqu'elle était humaine et a présent, elle était un peu plus forte que les humains, cependant elle restait très fatigable et très sensible... Donc elle ne sortait pas. Raison pour laquelle elle s'imaginait encore que le lac en face d'elle, elle le rêvait. Impression qui se confirmait par le fait qu'elle ne sentait ni le froid du vent qui faisait bruisser les feuilles, ni la chaleur dégagée par les lucioles lorsqu'elles la frôlaient. Même, une fois, l'une d'elle lui était passée au travers...
Cela ne l'empêchait pas de sentir ses cheveux cascader sur sa peau, ou encore le contact de ses mains l'une contre l'autre. Gênée tout de même, elle rabattît ses cheveux devant les parties les plus intimes de son corps. Pourquoi était-elle nue ? C'était la question qu'elle se posait...
Tel fut sa première expérimentation du voyage astral. Elle resta des heures a contempler le lac, fascinée. Et lorsqu'elle réintégra son corps, son maître n'était plus la. Mais le lit, a côté d'elle, était plus froid qu'à l'accoutumé, ce qui signifiait qu'il n'était pas parti depuis longtemps. Simuu se leva, alla prendre une douche, puis se replongea dans ses lectures favorites. Les livres qui parlaient du monde extérieur. Géographie, us et coutumes des autres peuples... Lorsqu'elle vit dans l'un d'eux une image, parfaitement reproduite, du lac qu'elle avait vu en rêve, elle en fut ébranlée.
Le phénomène se reproduisit quelques fois. En rêve, elle voyait un lieux qu'elle recroisait plus tard dans des livres. Elle ne tarda pas a faire le lien... Elle ne rêvait pas. Elle se déplaçait, en esprit... Et elle avait la enfin une porte de sortie vers l'extérieur... Tout un monde a découvrir.